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Alice, brigande oubliée de Pluméliau , pendue en 1761

Hervé OFFREDO / 18ème siècle Publié le 05/12/2019

Résumé

Alice Quilleré était la nièce de mon aïeul Jean Le Bras côté maternel et sa grande tante paternelle était mon aïeule Vincente Quilleré, c’est ainsi que je m’y suis intéressé. Alice fut une mercière vivant de  brigandage, née à  Porhebont le 13 juin 1728, fille de Mathurin et Jeanne Le Bras. Jeanne Le Bras meurt quand Alice n’a que 5 ans.  Si Le Faouët a eu Marion, nous avons eu Alice, tombée dans l’oubli …. Elle aurait pu être surnommée  » Alice de Pluniau « .

Son père prend une seconde épouse, et ce couple bouge de village en village sur la paroisse, ce qui n’est pas typique des habitudes de l’époque … Alice est-elle négligée ou maltraitée par sa belle-mère ?  Le cadre familial est misérable, leurs vies ponctuées de drames : les 5 frères et sœurs d’Alice nés du second mariage meurent tous en bas âge … Ainsi  Alice, la bien coiffée, la peau bronzée, quitte Plumeliau et devient vers 1750 l’amante de Etienne Prevost dit Stefan, de la bande à Manon du Faouët. Alice et Marion sont amies et souvent vues ensemble.

Des septembre 1751 Alice est impliquée dans un vol à Pestivien et emprisonnée à Quimperlé puis transférée à Vannes. Elle est condamnée et interdite de séjour  » au pays  » et une fois la peine purgée elle revient habiter chez son père à Plumeliau et fait son commerce de mercière. Elle continue de faire des sorties nocturnes et participent à de nouveaux vols comme à Cleden-Poher et encore en mars 1758 en l ‘église de Guénin … Cette fois les brigands sont attrapés dans un cabaret de St Nicolas des Eaux et Alice est  condamnée au fouet et bannie encore …Mais ce n’est pas assez et elle récidive en l’église de Malguenac en septembre 1760 ….Un larcin de trop  : condamnée encore , elle finit ses jours , comme tant d’autres , au bout d’une corde, à Vannes , le 21 novembre 1761 .

Ainsi fut l’histoire d’Alice de Pluniau, que je nomme ainsi. La brigande oubliée de Plumeliau, âme sœur de Marion du Faouët.

Texte intégral

1 – Une enfance malheureuse …

 

Elle est une des six enfants que Mathurin Guilleré a eu avec Jeanne Le Bras : les deux premiers dont Jean sont nés a La Villeneuve , les trois suivants à Porhebont et la sixième , Vincente , a La Villeneuve .La mère est décédée , jeune , des suites de cet accouchement . Jean et Vincente décèderont en bas âge.

Alice est donc orpheline de mère dès l’âge de 5 ans.

Le père prend en seconde noce Julienne Le Sauz et a cinq enfants de plus avec celle-ci : un anonyme, le second à La Villeneuve, le troisième à Kerbregent, le quatrième à Keraron et le dernier à Kerudan. Aucun de ces enfants ne dépassera l’âge de 8 ans. Le père est en mouvement permanent …et la belle-mère ne s’est peut-être pas trop occupée d’Alice.

Elle était une proche de Marion Tromel alias Marion du Faouët, peut-être dès l’âge de 17 ans …c’est à dire bien jeune elle était bien intégrée a la bande à la Finefond.

 

 2 – Vers 1750 … Amie de Marion du Faouët

 

 » Il revient toujours au pays cet Etienne Prevost, promenant sa mercerie, courant les pardons et les foires, seulement il n’est plus accompagne de la même femme. Marie Bidon est morte sans doute. A présent c’est une petite brune que l’on voit avec lui , une petite brune a la peau bronzée, aux yeux gris roux et enfonces , au nez relevé et large du bout ,aux lèvres épaisses et qui porte habituellement un justin de drap brun, avec une veste pareille, de belles coiffes élégantes, un tablier raye rougeâtre.

Elle s’appelle Alice Guilleré, est âgée d’une vingtaine d’années, native, dit-on, de Talvern en la paroisse de Plumeliau et parait assez d’accord avec Marie Tromel. On les rencontre souvent ensemble. »

et par ailleurs :

« Un matin, au commencement de l’année 1750 …allant du Faouët à Guémené « , le cabaretier Loisevy rencontre  » aux issues du Faouët et sur le grand chemin Marion, accompagnée d’Olivier Guilherm et de la nommée Alice  » …

 

3 – Second signalement, jeudi 16 septembre 1751

 

Parmi les auteurs d’un vol récent à Pestivien …

 » …Au grenier juste, au-dessus de cette écurie, gitait seulement une femme ou fille  » particulière de la taille 4 pieds 10 pouces, portant cheveux châtaigne, les yeux gris enfonces, le nez camard et gros, la lèvre supérieure élevée et grosse, des coiffes de toiles sur la tête, un mouchoir de coton raye au col, un justin de drap brun avec la veste pareille, un tablier rayé, rougeâtre.

Elle était seule celle-là dans son foin, mais sans doute depuis peu. Ne voilà-t-il pas, tout à côté d’elle « un mauvais habit veste noire, une culotte de drap lie de vin, un chapeau, des bas et des souliers  »

Les archers découvrent un important butin : Ils découvrirent « un cheval brun noir avec mauvaise bride  » qui appartenait à ces vauriens, puis dans un coffre de cette chaumière, deux grosses balles de marchandises volées. Et il a là-dedans des objets bien divers : « bas d’hommes et de femmes , 2 baguiers ou il y a 24 bagues dites d’argent et 7 dites de tombac , 11 paquets de boucles ( de ces larges boucles de cuivre jaune sans doute que les paysans d’alors portaient à leur ceinture de cuir), 48 tabatières de corne noire de différentes grandeurs, 14 paquets de couteaux, tant à ressort que communs , à pied corné , 19 petits miroirs, 4 paquets de canifs tant à manche de buis que de corne, à ressort , 21 paquets de peignes tant d’ivoire que de corne et de bois, 4 paquets de bouton de manches, 6 paquets de ciseaux, 3 paquets de sire d’Espagne à cacheter rouge, un paquet de ciseaux avec leurs étuis , un paquet d’étuis d’ivoire à mettre les éguilles, deux paquets d’agrafes pour le col de cuivre, deux paquets de chapelets de coco ou de bois, un paquet de laine à broder, cinq croix de Dieu, trois mouchoirs de soie de différentes couleur , 160 mouchoirs de différentes couleurs , 4 bonnets de laine de différentes couleurs (de ces bonnets que certains paysans portaient sous le chapeau), rubans , jartiers de laine et fil, 9 grésillons avec 4 poupées, 3 papiers garnis de cœur de sang argent , un paquet de Arlequins, un paquet de coeffes empaquetées dans un mouchoir, deux paquets de bas et linge, et stinquerque de mousseline , un havre-sac ou il s’est trouvé des hardes …

« … On ligote donc ces trois captifs, on les fouille, on les interroge sommairement. L’homme a la veste verte était bien armé d’un pistolet « chargé jusqu’au bout du canon  » ( …) . Quant à l’autre c’est Alice Guilleré, cette Alice que l’on voit si souvent avec Marie du Faouët et qui vit en concubinage avec Etienne Prevost dit Stefan, ce marchand mercier. Il est sauve,  lui ce Stefan, par le trou de la toiture.  » …

 » Les autres, on les amène aux prisons de Quimperlé d’abord, puis aux prisons de Vannes. Une information est ouverte et des témoins sont entendus. La vieille Galguen raconte notamment que, le mois dernier, Alice Guilleré enceinte vint loger au Vehut et y accoucha … »

 » …enfin le 19 janvier 1752, le Présidial de Vannes, par jugement prévôtal en dernier ressort condamne (…) Alice Guilleré à être admonestée avec injonction à elle de se retirer au lieu de sa naissance. »

AD56 , B 1248

 

4 – L’infraction à Guénin, 21-22 mars 1758

 

Et voici qu’apparait la belle Alice Guilleré, ex-amie de Marion, ex concubine du galant mercier Etienne Prevost, séparée de lui maintenant, revenue au pays après le triste emprisonnement à Vannes et la sentence du 19 février 1752. Elle est rentrée chez elle, en Plumeliau, où habite son père Mathurin Quillere ; elle a repris le commerce de mercerie ; établi chez ce Mathurin, son père, où elle fait des apparitions fréquentes, elle vend des bas  de la mousseline, de la toile à très bon compte – parce que ses marchandises, sans doutes,  lui coutèrent encore moins, beaucoup moins – et elle a retrouvé l’ami Joseph Le Bihan (demi-frère de Marion du Faouët) . Avec lui elle débite de l’eau de vie dans les foires, se promène par les routes ; et l’on dit que c’est encore « la clique de Marion du Faouët » qui recommence ses vols et son tapage.

Dans la nuit du 21 au 22 mars 1758, un vol important est commis en l’église paroissiale de Guénin, près Pontivy, Evêché de Vannes. Un vitrail est brisé, un tronc vidé, une armoire est brisée, l’armoire aux ornements et vases sacrés ; plusieurs serrures aussi ont été forcées ; des pierres furent enlevées  » au-dessous de la porte de la sacristie  » sans doute parce qu’on a tenté de se glisser sous cette porte. Soixante livres environ en différentes espèces de pièces, ainsi que deux amicts furent dérobés ; toutefois on ne toucha pas aux vases, calices et ciboires jugés évidemment d’une liquidation trop difficile et périlleuse. Le sacristain, entrant le lendemain 22 mars, de grand matin pour sonner l’angélus, trouva son église en cet état lamentable ; et il courut annoncer la fâcheuse nouvelle à Monsieur le recteur, à tous ceux qu’il rencontra. Il sonna même le tocsin. Des gens accoururent de toutes parts. On se mit à la recherche des voleurs. Ils étaient assez loin déjà, au village de Saint Nicolas des Eaux. » Fort fatigues et forts crottes « , assis au coin du feu dans une auberge, ils buvaient de l’eau de vie .Ils furent visiblement surpris et contrariés, effrayés en voyant rentrer tout ce monde et l’on devina bien tout de suite que les auteurs du crime c’étaient eux .Ils essayèrent de fuir. L’un d’eux, le borgne, tira même trois coups de pistolet sur un de ses assaillants, sans l’atteindre, et finalement, forcé resta au partie de l’ordre et de la justice. Les malfaiteurs furent arrêtés tous, attaches a l’aide de cordes. Ils étaient quatre, ce borgne, ce grand brun aux cheveux noirs  » avançant sur le front « , un autre, une femme « aux yeux roux et enfoncés « , au visage brun , « aux joues hautes « , « ayant des coeffes plates garnies de Quentin, avec un capot de bazin, un mouchoir au col de coton rayé de barres blanches et bleues, une chemisette tout au long de ratine rouge, une jupe de ratine noire, un tablier de ratine lie de vin « .

C’était Joseph Le Bihan (le borgne), Thomas Briant, Francois Riou et Alice Guilleré.

Les archives du Finistère recèlent un dossier à propos de vols à l’église de Cleden-Poher dont les accusés sont aussi Joseph Le Bihan, Thomas Briant, Francois Riou et Alice Guilleré …Ceci a dû avoir lieu avant Guénin.

On les retint en ce cabaret jusqu’à l’arrivée des archers de Pontivy qu’on était allé quérir en toute hâte.

Les quatre malandrins furent amenés et écroués à Pontivy, – écroués à Vannes, interrogés, confrontés, jugés, condamnés le 10 février 1759 par le Présidial de Vannes, – Briant, Riou et Joseph Le Bihan aux galères à perpétuité, Alice Guilleré au fouet puis au bannissement.

 

5 – Recidive fatale, novembre 1760 – Pendue le 21 novembre 1761

 

Alice est encore reprise en novembre 1760, à la suite d’un nouveau vol à l’église de Malguenac, – condamne encore, elle finit ses jours, comme tant d’autres, au bout d’une corde, – à Vannes, le 21 novembre 1761.

Elle avait dérobé, parait-il, une somme importante dans ce sanctuaire de Malguenac. On trouva sur elle 120 livres lors de sa capture. Elle était , en outre , accusée , de plusieurs autres vols d’église , d’avoir pris également des bagues d’argent et des coupons de toile , plus  » une paire de vieux souliers à talon de bois au cure de la paroisse  » – et le jugement spécifie bien que ces souliers de bois seront rendus à son propriétaire.

 

Petit Lexique :

 

– » Bague a Tombac  » : Tombac du mot Siam  » Tam bague « , un cuivre blanchi a l’arsenic pour briller et imiter l’or

– » stinquerque de mousseline  » : Mouchoirs de coton.

-« cire d’Espagne  » : Au XVIIe cette cire serait inventée, sous le règne de Louis XIII, par un sieur Rousseau à Perpignan (Le nom « cire d’Espagne » venant du fait que Perpignan est alors espagnole). On dit que l’inventeur, qui a fait une belle fortune avec cette cire, en avait connu la composition aux Indes orientales, où il avait voyagé. Cette cire n’est autre chose qu’une combinaison de substances résineuses, et par conséquent inflammables, et d’une substance colorante, le plus souvent prise dans la classe des oxydes métalliques. Elle se durcit par le refroidissement, et sert pour sceller le papier, auquel elle doit s’attacher fortement lorsqu’elle est de bonne qualité. La bonne cire à cacheter s’enflamme facilement, sans répandre une fumée trop épaisse, ce qui annoncerait qu’elle contient une trop grande proportion de térébenthine; il ne faut pas qu’elle coule lorsqu’elle est enflammée (source : Louis-Sébastien Le Normand. Manuel du chandelier, du cirier et du fabricant de cire à cacheter.Libr. Roret, 1836)

 

Décès

 

Pendue

 

Sources

 

Personne : Signalements : Interrogatoire Alice Quillere 24 sept 1751 et 7 avril 1758, 1760-1761 ; procès d’Alice Quilleré B1248 : informations, interrogatoires, sentence, etc. …; information avril 1758 à février 1759. Déposition de Le Nozeh et Le Cam ; interrogation de Joseph Le Bihan, 7 avril 1758 ; extrait d’écrou à Pontivy 23 mars 1758 ; extrait d’écrou à Vannes 7 avril 1758 ; jugement prévôtal, 10 février 1759 ; dossier B 841, Archives du Finistère ; pièces relatives au vol de Malguénac : informations, interrogations, etc. 1760-1761 : Tous aux AD56. Source : » La grande misère et les voleurs au XVIIIe siècle : Marion du Faouët et ses associés, 1740-1770 « , d’après des documents inédits… 1910 par Jean Lorédan, Bibliothèque municipale de Lyon La Part Dieu

 

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